En 2007, éclatait outre-Atlantique une tempête liée aux prêts hypothécaires, appelée "crise des subprimes". Aujourd’hui, de nombreux observateurs craignent que ce phénomène se reproduise aux Etats-Unis, mais sur le marché du prêt auto cette fois-ci. Qu’en est-il vraiment ? Peut-on craindre la contagion avec l’Europe et avec la France en particulier ? Décryptage.
Commençons par bien définir ce dont il s’agit, car la crise des subprimes a suivi des mécanismes complexes. Egalement connue aux outre-Atlantique sous le nom de subprime mortgage crisis, la crise des subprimes est un événement économique majeur et dévastateur qu’ont connu les Américains en 2007/2008. Ce qu’il s’est passé est finalement assez simple. Des millions de ménages américains avaient souscrit à des crédits immobiliers présentant la caractéristique d’être à un taux d’intérêt variable. Ce dernier variait en effet selon les préconisations de la réserve fédérale américaine, la FED. Laquelle a progressivement, à partir de 2005, augmenté son taux directeur, entraînant avec lui les taux d’intérêt des prêts hypothécaires souscrits par les ménages, dont certains à faibles revenus. Ces derniers se sont retrouvés insolvables et, de fait, incapables de payer les prêts liés à leurs maisons ou à leurs appartements !
Les ménages n’ont pas été les seuls à être durement impactés par la crise des subprimes. Des établissements financiers ont fait faillite, les marchés internationaux se sont repliés, des entreprises, par effet de propagation, ont connu de grandes difficultés, et l’indice général de confiance de l’économie américaine s’est effondré.
Les Américains aiment la voiture, et les établissements financiers l’ont bien compris. On compte près de 800 autos pour 1 000 habitants au pays de l’oncle Sam, contre à peine plus de 500 pour 1000 en France. Le marché du crédit auto est donc tout simplement gargantuesque outre-Atlantique, puisqu’il serait supérieur à 1 000 milliards de dollars selon les analystes — contre 700 milliards de dollars fin 2010, montrant bien que la crise des subprimes est, en apparence tout du moins, loin dans les esprits des consommateurs. De fait, les banques ont ouvert leurs prêts à de plus en plus de demandeurs. Même à ceux qui présentent moins de garanties.
Or, contrairement à une maison ou à un appartement, dont la valeur augmente (ou au pire, stagne) au fur et à mesure des années, les automobiles ont tendance à voir leur valeur baisser dans la durée. Rendant le prêt auto particulièrement risqué, par nature.
Or, selon l’agence de notation Fitch, au moins 5 % des prêts auto présenteraient des retards de remboursement supérieurs à 60 jours. Pire : en 2014, quatre nouveaux prêts sur dix étaient déjà classés subprimes, ce qui signifiait que l’emprunteur présentait un risque non négligeable de défaut de paiement.
Réaction des établissements financiers ? Ils tentent actuellement de se débarrasser de ces crédits en les titrisant, exactement comme ils l’avaient fait en 2007 durant la crise des subprimes. Ils ont ainsi été redistribués aux investisseurs à travers certains produits financiers. Une situation qui pourrait ne pas être tenable dans la durée. Que se passera-t-il lorsque le taux de défaillance explosera ? Et lorsque les véhicules achetés devront être remplacés ? Comment les banques pourront-elles récupérer leur mise, alors que les voitures ne vaudront plus rien — en tout cas bien moins que leur valeur d’achat — ou presque ? L’inquiétude gagne du terrain sur les marchés financiers américains, qui redoutent, à raison, une nouvelle contagion !
Une telle situation pourrait-elle se produire en France ? En principe, non. Les crédits à la consommation sont en effet mieux encadrés qu’aux Etats-Unis, notamment depuis les lois Lagarde et Hamon (datant respectivement de 2010 et 2014). Ainsi :
La crise des subprimes, version crédit auto, pourrait exploser un jour aux Etats-Unis. Heureusement, en France, les consommateurs semblent mieux protégés…